On pourrait croire que c’est le fait de parler français ; le francophone est celui qui peut jalouser la fortune de son tailleur en français comme le germanophone est susceptible de lire Schopenhauer dans le texte (les manuels de langue ne sont pas tous égaux). Mais définir ainsi simplement la francophonie, ce serait la réduire à une définition du XIXème siècle ; la francophonie aujourd’hui c’est bien davantage qu’un phénomène linguistique.
La France s’est vraisemblablement sentie à l’étroit après la période de décolonisation. On a eu beau s’y féliciter d’avoir conservé des territoires d’outre-mer, et de pouvoir compter des archipels éparpillés en divers océans, Wallis et Futuna, la Polynésie, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon et quelques rochers inhabités de l’Océan Indien et du Pacifique furent de trop tristes confettis pour faire oublier tout à fait le déclin de l’Empire. La géométrie a tenté de venir au secours du glorieux territoire en déliquescence en substituant dans les années 1960, un concept solide à l’inquiétante image d’une peau de chagrin, mais là encore, et malgré la majuscule, ce ne fut qu’une piètre consolation.
Heureusement, dans les années 1970, on a inventé –roulez tambours !– la fffFrancophonie !