Les semaines qui précédèrent la visite du président iranien Mohammad Ahmadinejad au Liban ont coïncidé avec le regain de tension au sujet du tribunal international pour l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri et poussé le microcosme francophone libanais à produire une de ses rares perles médiatiques : les vociférations hystériques de Michel Hajji Georgiou, journaliste de l’Orient le jour qui écrit très irrégulièrement sa « feuille de route ». Hajji Georgiou nous a habitué à être un défenseur acharné des libertés d’expression, combat mené à travers la représentation binaire d’un conflit politique entre les forces de la liberté, de la civilisation, d’une certaine conception « moderne » du temps, et autres signifiants de « la culture », et les forces de l’obscurantisme, du totalitarisme, et tout ce qui va avec. Le problème d’une telle démarche, c’est qu’elle contribue à une interdiction de la liberté d’expression de l’autre en sapant ses fondements logiques, sa raison d’être, comme on le verra bientôt, tout en brandissant paradoxalement le slogan de cette liberté.
Ainsi, Hajji Georgiou est avant tout engagé dans l’élaboration du discours supérieur et distinctif d’un certain groupe (élite) social. De son choix référentiel pour soutenir ses arguments politiques (qu’il serait plus judicieux de nommer culturels comme on le verra), à sa représentation de « l’autre » et comment lui faire face (ou le disqualifier) en tant qu’agent politique avec un raisonnement à défendre. Georgiou brandit maladroitement un libéralisme qui combat les forces obscures du totalitarisme. Si L’argument libéral se veut défendant la possibilité d’un bien-fondé de la position d’un parti politique, la phrase attribuée à Voltaire étant l’illustration parfaite : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrais jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire », est totalement contredite par les actions d’un Georgiou. Cette phrase de Voltaire pourrait aussi vouloir dire « si je suis prêt à me battre pour ce que vous avez à dire c’est que je trouve que ce que vous dites peut avoir une logique donnée », et c’est à ce niveau là que Georgiou se retrouve aux antipodes de ce qu’il prêche, et par delà même montre combien l’argument libéral de la liberté d’expression reste truffé de contradiction.
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