La marche a regroupé environ 3000 personnes.
Petite réflexion donc, sur la laïcité en général et sur cet évènement en particulier.
Au Liban le discours en faveur de la laïcité s’appuie sur deux piliers principaux:
1- La mémoire importée, de l’oppression appareillée par les institutions religieuses dans l’Europe du moyen-âge et jusqu’à la révolution française, et son corollaire, qu’aucune forme de progrès ne saurait être associée à la religion dans la sphère publique.
2- La confusion totale dans la compréhension et la différentiation de notions aussi distinctes que religion, confession, corruption, tribalisme, népotisme, clientélisme, inégalité des sexes, censure etc.
Premièrement:
L’imaginaire selon lequel le clergé aurait à une époque en Europe constitué un frein à la modernité, à la science, à la libération des structures féodales etc… n’est pas également distribuée au sein de la population libanaise. Ce n’est pas une coïncidence donc, si la grande majorité du public présent à cette manifestions appartenait à la minorité occidentalisée parlant généralement mieux le français et l’anglais que l’arabe, et éduquée dans les universités privées que l’on connaît : ALBA, AUB, USJ, LAU etc.
Il est intéressant de noter que dans les imaginaires des populations du monde arabo-musulman c’est plutôt la laïcité qui a été synonyme d’oppression, sachant que c’est en son nom que les dictatures du type militaro révolutionnaire, de nos régions ont réprimés les mouvements ou partis islamiques opposants. La Syrie de Assad, l’Irak de Saddam Hussein, l’Iran du Shah, la Tunisie de Bourguiba, l’Algerie du FLN, la Turquie d’Ataturk etc…
Dans le cas du Liban c’est le ralliement à Moussa Sadr, donc le clergé chiite, qui a été vécu comme une émancipation des notabilités féodales… et laïques du Sud.
S’il peut être risible aux libanais de savoir que du temps du mandat français (et même après) on enseignait dans les écoles « nos ancêtres les gaulois », Il me semble tout aussi risible de leur enseigner « nos anciens bourreaux les religieux». Lire la suite