C’est souvent à travers la manie qu’ont les humains de se percevoir mutuellement en termes de « cultures » distinctes que se manifestent les plus virulentes formes de stéréotypes et de discriminations. Comprendre « l’autre » c’est lui créer une « culture », c’est chercher les indicateurs qui permettent de le différencier par rapport à soi. En fait, chercher la culture de l’autre c’est souvent tout simplement la lui inventer. Le pouvoir réel d’une classe de gens sur une autre, d’un groupe, d’une clique, d’une élite, etc. se concrétise, se solidifie et acquiert une certaine légitimité en dessinant l’autre à gros traits, en mettant en relief quelque caractère auquel on voudrait le résumer..
Une manière d’inventer la culture de l’autre revient à questionner sa compréhension du passé, et à lui proposer ce que devrait être son passé. Un passé particulier tend à devenir le passé universalisé. Ceci engage la personne ou l’instance qui questionne à une écriture de l’histoire. Une tentative qui s’ajoute à toutes les autres qui ont eu lieu « dans le temps ». Chaque tentative d’écriture de l’histoire est un acte politique dans le sens où elle essaye de formuler au présent des questions quant à la compréhension du passé qui produit ce présent.
Une certaine Nathalie Bontems nous ramène une touche fraiche de ces stéréotypes qu’on rencontre souvent chez la gente étrangère résidant au Liban (avec mes respects pour tout le monde vu cette rapide généralisation que je fais pour l’argument qui va suivre) : si les Libanais (ou les Arabes) ont une admiration pour Hitler, ou pour tout autre homme démonisé par l’occident d’après 1945, ce n’est pas seulement qu’ils n’aiment pas les juifs, mais c’est qu’ils ont une méconnaissance profonde de l’Histoire, avec un grand H. Lire la suite