Philosophie georgienne

Quand Michel Hajji Georgiou interview Samir Geagea leader des Forces Libanaises, ça discute pas que de petite politique! Pour nos archives:

Samir Geagea, imprégné de hégélianisme dans sa vision de l’avènement de l’Esprit dans l’Histoire, est convaincu que l’Iran et ses instruments font fausse route. Lorsqu’on lui parle de la fin de l’histoire selon l’eschatologie mahdivi, et qu’on lui dit que la vision iranienne de l’histoire est exactement antihégélienne, qu’elle vise même à la destruction du temps historique rationnel occidental tel que nous le connaissons, et qu’elle est donc délirante, Samir Geagea répond, laconique, du tac au tac : « Non, non… pas délirant… de l’Iran. »

Paru dans le quotidien l’Orient-le-jour le 5 Janvier 2013.

« Cohérent avec ses options de base » : René Naba (3ème partie)

Suite et fin de l’entretien avec René Naba – enregistré à Paris le 18 septembre 2010. La première partie consacrée à son itinéraire se trouve ici, et la deuxième qui aborde la problématique de la francophonie . Nous vous invitons à mettre en perspective cette conversation avec les articles eux-mêmes de René Naba sur son site Actualité et Flashback, les derniers textes publiés sont les suivants: * Requiem pour l’ingérence humanitaire diplomatique * Agenda diplomatique 2010 * Christian Blanc et la Middle-East Airlines : un cigare fatal à son destin * Hommage à Edmond Amran el Maleh et Abraham Serfati, l’honneur du judaïsme marocain

Bonne lecture.

IIIe partie – Questionnaire de Proust

«Quand on travaille pour plaire aux autres on peut ne pas réussir, mais les choses qu’on a faites pour se contenter soi-même ont toujours une chance d’intéresser quelqu’un

Marcel Proust, Pastiches et Mélanges (Paris, NRF, 1919)

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Le mot et la chose

Cet article est publié avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Titre original :

Le Bougnoule, sa signification étymologique, son évolution sémantique, sa portée symbolique

Nous vous invitons à consulter les autres articles de René Naba sur son site ici.

L’auteur part d’un signifiant raciste pour développer avec clarté et érudition une analyse critique où l’étude sémantique, mise en perspective avec l’histoire, révèle certaines contradictions de la « Patrie des Droits de l’Homme ». Il semble qu’à l’épreuve des faits, la vocation universelle des principes généreux ait souvent failli – notamment à l’époque coloniale – et que les Lumières ne se soient allumées que par intermittence ou pour éclairer une domination, au mépris du droit – pourtant revendiqué – des peuples à disposer d’eux-mêmes.

 

Le contexte historique

A l’assaut des tranchées adverses, ployant sous un déluge d’obus, suffoquant sous l’effet des gaz mortels sur les champs de bataille brumeux et venteux du Nord-est de la France, sous la glaciation hivernale des nuits noires de novembre, à des milliers de kilomètres de leur tropique natal, les grandes rasades d’alcool galvanisaient leurs ardeurs combatives à défaut d’exalter leur patriotisme.

En ces temps là, « la chair à canon » carburait à la gnôle. Par un subterfuge dont la raison détient seule le secret, qui n’en révèle pas moins les présupposés d’un peuple, les ressorts psychologiques d’une nation et la complexion mentale de ses dirigeants, la revendication ultime préludant au sacrifice suprême -« Aboul Gnoul », apporte l’alcool- finira par constituer, par un dévoiement de la pensée, la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.

« Bougnoule » tire son origine de l’expression argotique de cette supplique ante mortem. Elle finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera souvent d’une façon lumineuse (1), d’une façon hideuse parfois, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral.

Curieux rapport que celui qui lie la France à sa mémoire, étrange rapport que celui qui lie ce pays à lui-même, à la fois « Patrie des lumières et des Droits de l’Homme » et patrie du « Code Noir » de l’esclavage, le code de l’abomination, de la traite de l’Ebène et du mépris de l’Indigène. Etrangement curieux le rapport qui lie ce pays à ses alliés de la période coloniale, les peuples colonisés d’Outre-mer. Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire, goumiers Algériens, spahis Marocains, tirailleurs Tunisiens, Sénégalais et Soudano nigériens, auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière répétitive pour ne pas être un hasard, à Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français. Lire la suite

Nomination de Dov Zerah à la tête de l’AFD : une double victoire pour Israël et la Françafrique

Campagne de santé publique Hasard ou ironie de l’histoire, le cinquantenaire des indépendances africaines coïncide avec la nomination de Dov Zerah à la tête de l’AFD – Agence Française de Développement.  Ancien conseiller municipal au coeur du fief sarkozyste de Neuilly-sur-Seine (92), Dov Zerah a également exercé des fonctions éminentes au service de la communauté juive en présidant depuis janvier le Consistoire israélite de Paris – l’un des principaux organes représentatifs des Juifs de France.

Le Consistoire est un organisme distinct du CRIF (Conseil représentatif des Juifs de France) même si les deux instances ont trouvé un point de convergence dans la défense des intérêts israéliens. En effet, le Consistoire a été créé en 1808 sous impulsion napoléonienne pour administrer le culte israélite dans le cadre national français. Le CRIF  naît dans un contexte d’occupation. Il a précisément pour objectif de contrecarrer la collaboration d’Etat avec les Allemands et surtout, d’organiser la résistance  antifasciste face à l’institutionnalisation des pratiques racistes discriminatoires qui prenaient essentiellement pour cible la communauté juive. Lire la suite